Paris manif
Je prévoyais, dans mon sujet précédent, d'aller photographier du monde dans les rues de Paris., pour changer du désert nocturne. Ça tombait bien, ce mardi 29 mars, puisque l'un des spectacles les plus classiques de la capitale était offert, dans l'après-midi : deux manifs. D'abord les personnels hospitaliers, rue de Grenelle. Un solide barrage de police interdisait de s'approcher à moins de 500 mètres des ministères et de l'Hôtel Matignon. Dommage pour le premier ministre, qui a raté quelques danses traditionnelles et un très convenable concert de biniou breton. Une fois démonté leurs grillages, les policiers ont pu emporter une collection de masques hygiéniques et de gants de chirurgien, complaisamment accrochés par les protestataires (mais ils ont beaucoup mieux dans leur dotation).
L'autre manifestation, plus animée, avec hauts parleurs de 1 000 watts et sifflets, réunissait le "monde judiciaire", formulation assez large, pour une représentation assez diverse. Prêt à en découdre avec les deux autres pouvoirs, spécialement l'exécutif, il a finalement tenté de secouer le législatif. Déception, pour le photographe : je m'attendais à de superbes rangées de robes rouges et d'hermines, mais il y en avait très peu. C'est que les hauts magistrats, ça manifeste place Vendôme et entre hauts magistrats. Ça ne se mêle pas au petit personnel de la justice, sous les banderoles de la CGT. La manifestation, partie à 14 heures de la place Saint-Michel, a mis deux heures et demie pour arriver aux Invalides, sans trop perturber les habitudes du Quartier latin, où on en a vu bien d'autres. Face à elle aussi, des barrages de CRS protégeaient le périmètre réservé, et il a fallu se résoudre à faire le plus de bruit possible depuis l'esplanade des Invalides, assez loin de l'Assemblée nationale.
Etonnants, d'ailleurs, ces policiers cuirassés comme des Robocops, très bien entraînés à assurer la "défense à plat" chère au XV de France, mais parfaitement désabusés... Puisqu'on parle de rugby, il y avait des moments où je rêvais de les voir se lancer, au moins, dans un haka face aux manifestants. J'ai l'impression que le sens du spectacle s'est beaucoup perdu, à la préfecture de police, depuis Mai 68, alors que celui des manifestants s'est plutôt accru.
Petit rappel de haka à l'usage de CRS trop placides.
Dans les deux manifestations, je ne me risquerai pas à avancer un nombre de participants. On sait que l'exercice est aussi vain qu'un sondage sur l'élection présidentielle. Une chose est sûre : le long du quai d'Orsay, pont Alexandre III, devant et derrière l'Assemblée nationale, rue de l'Université, rue de Varennes, rue de Grenelle, au contact ou prenant le frais devant leurs cars, policiers et gendarmes étaient au moins aussi nombreux que les contestataires.
Le lieu n'est pas ici de détailler les revendications. Elles n'ont d'ailleurs guère changé, sur le fond, depuis le slogan "Charlot, des sous", adressé voilà cinquante ans au général de Gaulle (sauf qu'à l'époque, des sous, il y en avait plein les caisses). Des commentaires politiques seraient encore plus déplacés. Je me contenterai donc de laisser parler les images, en espérant qu'elles racontent quelque chose (Canon EOS 550D, zoom Sigma f:3.5/18-250).
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Les personnels de santé, rue de Grenelle
Le "monde de la justice", esplanade des Invalides